• Inconnu

     Anna Karénine (2012), Joe Wright

    À chaque fois que je croise cet inconnu, je ne peux m’empêcher de penser à ce que j’ai renié. Je suis reconnaissante par bien des aspects d’avoir pris conscience de cette vérité aussi tôt, mais cela ne retient pas l’amertume des réalités difficilement supportables.

    La beauté est éphémère à nos yeux. Elle apparaît et disparaît suite à d’infimes variations de l’espace, et il n’y a rien de plus fugitif que cette perception, ce qui fait finalement de la beauté un insaisissable mouvement, une perturbation quadridimensionnelle.

    Et puis il y a la grâce, tout aussi fugitive, mais dont la fréquence peut se révéler étonnement élevée chez certains individus.

    Est-ce que je créé aussi de la beauté ? De la grâce ?

    Cet inconnu m’attire pour sa remarquable constance dans sa fréquence de variations spatio-temporelles. Est-ce inné ou acquis ? Et surtout, je ne peux m’empêcher de me demander ce qu’il y a au-delà de la simple perception.

    Dans l’expectative exhumée, sûrement, de quelque chose qui contredirait un instant la terrible vérité.

     


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  • Le présent texte a été écrit le 18 février 2013. Il décrit, tout comme Tumulte (bien qu'il y soit antérieur), cette difficile période de ma vie que fut l'an passé. Mais contrairement à l'autre, ce texte a été écrit à vif, dans la douleur, en plein contexte. C'était un appel à l'aide, provenant des souvenirs du passé qui me hantaient, du passé que je regrettais tant.
    Au début de mon adolescence, j'écrivais beaucoup de poèmes, que je publiais ensuite sur internet. C'était le seul moyen, avec les longues discussions virtuelles, que j'avais trouvé pour exprimer ce que je ressentais. Cela explique la forme du présent texte (même si je ne le considère pas vraiment comme un poème). J'ai arrêté la poésie il y a près de trois ans. 
    Le tumulte a légèrement décliné après cela puis a brusquement cessé, le jour où j'ai écrit l'autre texte.  

     

     

      

    Tu te rappelles ...
    D'avant ...
    Du début de notre adolescence ...


    De toutes ces après-midi dans l'attente ...
    De quelques mots échangés ...
    De maigres mots comme des rayons de soleil dans un monde où rien n'était sûr ...
    Où nous risquions de nous briser à chaque instant ...
    Des mots comme une main tendue ...

    C'était un temps où il fallait peu pour se sentir heureux
    Des images et des mots
    Qui viennent du cœur
    Il fallait si peu et pourtant si peu nous suffisaient pour tomber


    Je me souviens de toutes ses phrases
    Toutes ses images
    Qui venaient du cœur
    Sans artifices

    Avec douleur

    Avec peur

    Ensembles


    Tu te rappelles, tu te rappelles de tout cela...
    Pourquoi suis-je hantée par ses souvenirs ...
    Dis moi, dis-moi ...
    Quelques mots...
    Comme une main tendue ...
    Comme ce que tu disais autrefois...



    J'ai mal
    Je suis seule
    Je ne sais plus comment tenir

    J'ai mal


    6 commentaires
  • Encore un vieux texte … Mais celui-ci est particulier, puisque je l'ai écrit il y a pile poil deux ans, en Juillet 2011 (bon ok, deux ans et quelques jours), pour décrire une sensation qui me revient sempiternellement à la même période de l'année. Je me demande si à l'époque, j'aurais imaginé que je ressentirais toujours la même chose deux ans plus tard. Promis le prochain texte posté est récent.

     

    Subjonctif

     

    C'est étrange, cette sensation de commencer à perdre notion de la réalité. Derrière les rêveries, les images de cet écran froid, les lettres noires. Cloîtrée entre les murs protecteurs de cette maison qui m'a vue grandir, je vagabonde, me laisse aller. Me laisse aller aux phrases enivrantes couchées sur le papier. Me laisse aller aux images colorées d'un écran glacé. Me laisse aller aux rêveries d'histoires que j'écrirai, et surtout d'histoires que je n'écrirai pas. Je commence à m'y habituer, à cette virtualité. Protégée, enfermée derrières ces murs blancs, je ne fais rien pour l'empêcher d'exister. Mais c'est quand je dois, pour quelques instants, me mouvoir dans la réalité que je prends conscience de ce qui est en train de se produire. Et alors je me demande si, à force de rester dans cet état-là, il se pourrait que j'en oublie totalement la réalité. Si la virtualité pourrait me consumer, à force de l'accueillir à bras ouverts. Je ne sais pas pourquoi je suis comme ça. La réalité ne m'a jamais fait peur, pourtant, et je pourrais tout aussi bien m'en aller la chercher à coups de massue, ça ne me dérangerait en rien. Va savoir pourquoi je ne le fais pas. En réalité, cela m'est déjà arrivé. Mais je commence à me méfier du mot ‹‹ réalité ››.

     


    1 commentaire
  • Voici un autre exemple de court texte, concept pour le moins  grave chelou  singulier x) Un texte beaucoup plus vieux, beaucoup moins réussi que Tumulte, mais je l'aime bien car il témoigne d'une période de ma vie.

    Ce texte a été très inspiré par les paroles de la chanson Mad world de Tears for fear (qui a été reprise par beaucoup d'autres chanteurs, comme Alex Parks version que j'aime beaucoup ^^ ), dont il tire son titre et ses deux derniers mots. 

     

    30 septembre 2011.

     

     

            Dépassée.
          Le temps me dépasse. La vie me dépasse.
       Rires. Sourires. Joie. Bonheur. Amis. Famille. Amour. Chaleur. Tout passe devant mes yeux. Tout passe trop vite.


       Je suis là à attendre dans le noir, à voir toutes ces choses défiler, immobile, incapable de bouger.
           J'attends.
         Cris. Larmes. Peine. Douleur. Tout ce que je trouve.
     Et je cours.
    Et je m'arrête, essouflée.
    Puis je marche, je me laisse emporter par des vents contraires. J'essaie de suivre le chemin.

       Je lutte contre le courant. Je trébuche. La foule m'oppresse. La foule finira par m'engloutir, un jour. Comment savoir où je vais ? Comment décider quel chemin prendre ?
        Mes forces m'abandonnent. Le cœur m'abandonne. Je ne vais nulle part. Nulle part.

    Seule, meurtrie, je m'arrête.

     


    Tout va trop vite.
    Tout va trop vite dans ce monde insensé.

     

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