• L'avenir et le choix

    Chers visiteurs,

    Parlons peu, parlons bien, parlons des études.

    Si vous suivez un peu mes pérégrinations, vous avez sûrement déjà lu que j'étais dans un lycée de haut niveau à Paris et que j'ai obtenu en 2014 mon bac s mention très bien. Vous avez peut-être supposé que de ce fait j'appartenais à une sorte d'élite socio-intellectuelle de la bourgeoisie parisienne.

    Ce qui n'est pas du tout le cas.

    J'aimerais retracer dans cet article mon parcours qui m'a menée à une année chaotique bénéfique. À mon cheminement, mes interrogations, qui m'ont mené à ce résultat surprenant.
    Pour tout ceux qui de même doutent sur leur avenir et qui ne voient pas l'issue, comme c'était mon cas.

     

     

    (cet article sera illustré de magnifiques gifs issus principalement de dramas coréens, mon obsession du moment) 

    Ma famille, si on devait catégorifier, appartiendrait à la "classe moyenne supérieure" ou quelque chose du genre. Mes grand-parents, des deux côtés, sont nés dans des familles nombreuses d'ouvriers agricoles (nb : c'était encore pire que d'être paysan), dans des villages perdus quelque part dans des campagnes perdues de France où il n'y avait déjà rien avant la guerre. C'est grâce à l'école qu'ils ont pu échapper aux champs. Mes parents ont grandi en province et sont montés à Paris à l'âge adulte. Ayant trouvé un bon travail, ils ont amélioré leur niveau de vie, sans pour autant posséder réellement de patrimoine, ni de réseaux de contact et de pistons.

    J'ai donc grandi là-dedans.

    Je me suis retrouvée dans ce collège-lycée parce qu'à l'époque c'était l'établissement le plus proche de chez moi, et j'y suis restée, car ç'aurait relativement stupide de changer au vu de sa réputation d'excellence. J'avais un nombre non négligeable de très bons professeurs, qui m'ont aidé tout au long de mon passage à améliorer ma capacité de réflexion. D'ailleurs, longtemps, sans être première j'avais en soi de très bon résultats.

     

    Et puis en 2012 je suis entrée en première S.

    L'avenir et le choix

    (Résumé.)

    C'était un peu comme si tout le monde tombait dans un ravin en même temps. Quelque chose comme 90% de la classe avait chuté, et j'en faisais partie. 
    Pour vous donner une idée, j'ai perdu deux points de moyenne entre la troisième et la seconde, puis trois points entre la seconde et la première. Et le pire est probablement que dans mon lycée, c'était tout à fait normal.
    Sans compter que j'avais des profs à la "mentalité prépa" (puisqu'il donnait indifféremment leurs cours et leurs notes en prépa et au lycée), ce qui t'imposait une exigence assez extrême doublé d'un manque total d'empathie. 
    Concrètement, si tu travaillais tu survivais, si tu te relâchais tu te crashais instantanément. (« se crasher » implique ici à tous les coups des notes inférieures ou égales à 6) (« survivre » constitue la brochette entre 6 et 11) (au-delà tu fais partie des 10%)

    L'avenir et le choix

    Incroyablement, après deux trimestres de patauge complète, j'ai réussi à m'habituer au travail demandé au point de réaliser une progression fulgurante au troisième trimestre (j'étais quasiment dans les 10%). Fierté.

    La terminale semblait plus facile mais on nous demandait grosso modo la même chose, c'est juste qu'on s'était habitués au travail. Mon classement a diminué d'un coup, j'étais pile au milieu de classe.

    En résumé, j'ai énormément travaillé pendant mon lycée.

    Du coup, il est vrai que j'ai du mal à comprendre les gens qui pensent que le lycée est une période de jeunesse insouciante et d'amusement. Je ne travaillais même pas davantage que les autres (d'ailleurs, contrairement à beaucoup, je ne prenais pas de cours particuliers). La jeunesse insouciante et amusante est à mon avis un énorme fantasme d'adultes qui ont oublié comment les choses se sont passées pour eux.

    L'avenir et le choix

    (La jeunesse, vision fantasmée.)

     

    En 2013, je suis entrée en terminale.
    Et je ne savais pas quoi faire de ma vie.

    Comme j'étais en série scientifique, me suis-je dit, je vais continuer dans le scientifique. Dans les sciences, je préférais les sciences de la terre, bon, peut-être un truc dans l'ingénierie-géologie ? 

    J'avais beau me creuser la tête, prendre le problème par tous les angles possibles, je n'arrivais PAS à savoir ce que je voulais faire comme métier. 
    Incapacité totale à me représenter l'avenir.
    Incapacité totale à me projeter dans le futur.

    Je ne savais pas ce que je voulais faire, bordel de merde.

     

    L'avenir et le choix

    (J'étais pas loin de ce stade-là effectivement.)

     

    Alors par dépit, j'ai coché ingénierie-géologie.

    (Le choix qui n'en est pas un, bonjour)

     

    Et puis c'est arrivé.

    Un jour quelqu'un me sort un truc du genre "tu devrais peut-être faire un truc du genre Sciences po" et LOL me dis-je, mais ça va pas, Sciences po quoi, tu rigoles, moi là-dedans, c'est un truc de gosses de riches et de politiciens, de pistons et de réseaux et de bourgeois, et même si je le voulais je ne pourrais pas y entrer, c'est un concours de malade et de bras longs, non, arrête tes conneries sérieux.

     

    Pourtant, depuis le début de l'année, je commençais effectivement à nourrir un intérêt soudain pour l'étude de la société, ce qui remettait en question toute la vision que j'avais de moi-même. Je m'étais toujours vu comme d'une certaine manière inadaptée, incapable de comprendre la société. Je fuyais peut-être, je n'avais pas la confiance nécessaire pour me confronter, sûrement.

    Et là d'un coup, en terminale, je me passionnais subitement pour les sciences sociales, économiques et politiques.
    Encore plus choquant, j'arrivais à débattre. Pire. J'aimais débattre. 

    J'adore débattre.

    Je me suis choquée moi-même.

     

     

    Alors, alors qu'il ne restait que deux jours pour finaliser ses choix APB, j'ai rajouté dans la précipitation des prépas BL (littérature et sciences sociales).

    Après coup, en méditant sur moi-même, j'ai finalement trouvé que les prépas BL me correspondaient totalement, et que je n'aurais pas de remords à sacrifier ma vie à la prépa si c'est dans ce domaine.

    Bien que tout cela n'était pas vraiment clair, j'avais l'impression d'avoir trouvé un bon chemin, ou du moins un bon angle d'attaque du problème.

    L'avenir et le choix

    (Auto-satisfaction)


    Sauf que dans le processus, j'avais oublié comment fonctionnait la vie :

    1. Piston piston
    2. Haine privé/public
    3. Notes notes notes

    Je n'avais pas du tout le bras long, je venais du privé et demandait des prépas publiques, je n'avais que 12 de moyenne même si ça valait largement plus ailleurs.

    Résultat :

    Je me suis retrouvée en ingénierie-géologie.

    Et pour couronner le tout :

    J'ai eu mention très bien au bac.

    Frustration absolue.

    L'avenir et le choix

    (À noter que quatre points d'écart entre ma moyenne de l'année et ma moyenne au bac était normal dans ce lycée.)

     

     

    En 2014, je suis entrée dans une université scientifique.

    Je me laissais le bénéfice du doute, mais j'avais assez médité pendant l'été pour être à peu près sûre que ça n'allait pas me plaire.

    Et, en fait, c'était bien pire que ce que j'avais imaginé.

    (Ce texte a été écrit à ce moment-là. C'était mon état mental. Voilà.)


    Attention, je ne dis pas que les études étaient mauvaises. Au contraire, c'était une excellente fac.

    Le problème est que les études ne m'intéressaient pas du tout.

    Très rapidement, je suis arrivée à un point où je me demandais au moins cinq fois par jour ce que je foutais là, je ne pouvais plus voir les bâtiments de la fac en peinture, je ne supportais plus d'y aller, je faisais un rejet total. Je voulais partir.

     

    L'avenir et le choix

    (Moi et ma conscience. Allégorie.)

     

    Et paradoxalement, j'avais de bons résultats sans faire grand chose, juste en me reposant sur mes acquis de terminale. Prenons par exemple la programmation. J'avais un UE de Programmation, j'ai travaillé deux semaines puis j'ai plus rien foutu, j'étais parmi les meilleurs alors que je n'en avais jamais fait avant. Mais la programmation reposait principalement sur des logiques d'algorithmique, ce que j'avais bien capté au lycée. (Pour une obscure raison, il semble néanmoins que j'ai de grosses facilités en programmation.)

    Au final, j'ai eu le premier semestre très très facilement avec un bon classement.
    Malgré cela, je voulais me réorienter. 

     

    = Partir d'un cursus où j'ai de bons résultats, où le CHÔMAGE N'EXISTE PAS et OÙ LES PREMIERS SALAIRES SONT DE L'ORDRE DE 3000/MOIS MAIS TU ES TOMBÉE SUR LA TÊTE ELDALIS REVIENS À LA RAISON 

    L'avenir et le choix

    (Moi selon les gens)

     


    Cependant je m'étais suffisamment questionnée pour trouver de nouveaux objectifs.

    J'avais décidé de passer le concours commun des IEP. 

    (Pour résumer vite fait, c'est le concours d'entrée commun à sept Sciences po de province (Aix, Lille, Lyon, Rennes, Saint Germain, Strasbourg, Toulouse). C'est un concours qu'on peut passer si on est en terminale ou en bac+1, contrairement aux concours d'entrée à Sciences po Paris ou à Sciences po Bordeaux)

    Enfin j'allais tenter.
    Sinon, je pourrais peut-être me lancer dans le droit ? j'étais toujours en questionnement.

    J'avais fini par réaliser et accepter que Sciences po me plairait énormément. En plus c'était un concours, pas de dossier, pas de piston (enfin, du moins c'est plus difficile), je pouvais faire mes preuves. 

    Cela dit, j'avais conscience que mes chances de réussite étaient extrêmement minces (10% des candidats obtiennent le concours) et qui plus est je multipliais les désavantages : je venais de S, de l'année où l'histoire a été supprimée en terminale, j'étais en fac de sciences alors que les candidats en bac+1 sortent à peu près tous d'hypokhâgne/fac de droit/fac d'histoire, je ne connaissais personne dans ce domaine pour m'aider, etc. 

    Pendant les vacances de Noël, je me suis donc inscrite à une prépa Sciences po par correspondance. J'ai commencé à appréhender les épreuves du concours (qui, comme vous vous en doutez, n'ont absolument rien à voir avec ce qu'on fait au lycée), à réfléchir à comment m'organiser avec tout ça. 

     

    Puis en janvier je me suis pointée au premier cours de la rentrée, un cours de mécanique, et là j'ai eu un déclic.
    En fait le cours de mécanique était tellement indigeste que j'ai réalisé que cela ne valait pas le coup de perdre mon temps une minute de plus. J'ai décidé d'arrêter la fac.

    Mes parents ont eu des réactions mitigées.
    D'un côté ils voyaient bien que je n'étais pas du tout dans le bon cursus, de l'autre ils avaient peur pour moi. Arrêter était un pari risqué. Je suis restée encore deux semaines à l'université, le temps de les convaincre. Je me suis réinscrite sur APB pour m'assurer un plan B, un plan C et ainsi de suite.

    Puis je suis allée à la fac présenter ma désincription.
    Et je suis partie avec satisfaction et allégresse.

    L'avenir et le choix

     


    Je me suis donc retrouvée chez moi à travailler par moi-même.

    J'ai profité de l'occasion pour mieux me renseigner sur les Sciences po. J'en ai visité plusieurs. Je pensais aussi passer le concours de Sciences po Grenoble puisque 1. je pouvais (on peut concourir en bac+1) 2. je pouvais (j'avais à présent le temps pour le travailler)

    Tout cela se passait à peu près bien jusqu'à que j'ai les premiers retours de ma prépa par correspondance.

     

    Catastrophe absolue.

    J'étais totalement à côté de la plaque.
    Genre, magistralement.

     

    L'avenir et le choix

    (Un peu comme ça.)

     

    En même temps, il est déjà difficile de visualiser ce que Sciences po exige à la base, alors le visualiser quand tu sors d'une fac de sciences… carrément impossible. Et pour le coup, la prépa par correspondance ne m'aidait pas du tout (mis à part pour me prévenir que c'était la catastrophe, ce que j'ai rapidement saisi)

     

    Il a donc fallu immédiatement trouver une solution (on était au mois de février) et j'ai donc fait ce qu'en fait tout le monde fait : prendre des cours dans une prépa privée sur Paris. 

    Et je suis tombée sur une perle, une prépa absolument géniale qui proposait aussi du coaching personnalisé, ce dont j'avais en fait TOTALEMENT besoin.

    Les cours, en plus de répondre aux exigences du concours, étaient en soi passionnants, ce qui me confortait dans l'idée que j'avais fait un bon choix de réorientation. 

     

    Concrètement, mon quotidien ne ressemblait donc pas à celui d'un étudiant qui arrête la fac en cours d'année et s'occupe comme il peut jusqu'à tenter autre chose à la rentrée suivante. 
    J'allais à la prépa un jour par semaine. Les autres jours, j'alternais entre travailler chez moi, travailler à la BU et travailler à la bibliothèque, et ce n'était pas tous les jours productifs, mais je faisais du mieux que je pouvais. 

    Une fois le travail de synthèse (comprenez, faire des fiches) terminé (c'est-à-dire, très rapidement), je suis passée par une multitude de stades psychologiques quand il s'agissait d'enregistrer les informations dans la mesure où le concours ne demandait pas du par-cœur, mais il exigeait une très grande connaissance (= du par-cœur). 

    J'ai maudit ma capacité de concentration, ma mémoire, ma personne, je me suis beaucoup détestée, j'ai beaucoup désespéré ; pourtant, je ne voyais pas vraiment ce que je pouvais faire de mieux. Je me disais souvent (tout le temps) que je ne travaillais pas assez, mais en même temps, ce n'est pas comme si je faisais la fête au lieu de travailler non plus. Je ne voyais plus que ma famille et les gens à la prépa ; j'occupais seulement mes pauses à regarder des trucs coréens (c'est mon obsession depuis le début de l'année) ou à lire des articles sur le féminisme (c'est aussi mon obsession depuis le début de l'année, mais j'en parlerai dans un prochain article).

    C'était difficile de tenir sur la longueur.

    L'avenir et le choix

    Cela dit, le désespoir ne m'empêchait pas de lutter. C'était plus quelque chose comme "je n'y arriverais jamais, mais je suis obligée d'essayer". Je n'ai jamais abandonné même quand je pensais que j'allais me foirer. Mais je pensais que j'allais me foirer car j'avais toujours l'impression de ne pas assez travailler. Le cercle psychologique de merde, quoi.

    En terminale, j'avais des DST de 4h chaque samedi matin, et j'étais super forte quand il s'agissait de travailler le vendredi soir entre 5h et 7h d'affilée. En revanche, tenir sur plusieurs mois un travail régulier, c'est pas vraiment mon truc.

     
    Avec le temps, grâce aux cours de la prépa j'avais réussi à m'améliorer, même si je faisais encore des fautes d'inattention à la con (c'est le genre de concours où les candidats sont départagés sur les fautes d'inattention, ouais). J'étais dans la course. J'avais réussi (non sans mal) à choper les réflexes nécessaires aux épreuves. Je ne faisais pas des copies de dingue, mais suffisamment correctes pour me hisser vers le haut. J'étais sur les rails. Il suffisait de lancer le wagon le jour J.

    L'avenir et le choix

     

    Et le jour J.

    J'ai plutôt réussi la première épreuve. J'ai réussi la seconde. Je me suis foirée sur la dernière, l'anglais.

    Je suis sortie décomposée.


    Pour vous donner une idée, c'est un concours où donc 10% des candidats sont pris, et les notes entre eux sont tellement proches (une très très grande partie des candidats se situent entre 11 et 12), les candidats sont souvent départagés au centième. 
    (pour ceux qui ont dormaient en cours de maths : deuxième chiffre après la virgule)
    Dans cette optique, foirer une épreuve, c'est foirer le concours.

    Je vous laisse imaginer ma réaction.

    En même temps, "foirer" a un sens très relatif, et une notation elle-même relative puisqu'il y a harmonisation des copies (en gros, tu es noté par rapport aux autres). L'épreuve d'anglais avait été particulièrement ratée, et c'était le plus petit coefficient. Donc finalement, j'avais peut-être mes chances, mais je ne les avais peut-être pas du tout.

    Et je devais attendre un mois et demi avant que mon sort soit scellé.

    L'avenir et le choix

     

    J'ai donc regardé des dramas coréens pendant un mois et demi.

    Concernant APB, manifestement avoir eu mention très bien au bac ne me rattrapait toujours pas d'avoir eu 12 de moyenne en terminale, d'être dans le privé et de ne pas avoir de piston, si bien que je me suis ENCORE UNE FOIS retrouvée avec mon énième choix, un truc d'ailleurs privé catholique (étrange étrange, c'est le seul cursus qui m'ait accepté)

    Concernant Sciences po Grenoble, j'avais passé le concours en révisant à l'arrache, j'avais réussi mon coup, j'ai été acceptée en liste complémentaire puis en liste principale.

    Concernant le concours commun ...

    Sachant qu'il y a en moyenne 200 désistements par an, être dans les 150 premiers de la liste d'attente assure d'être pris quelque part au final.

    Et...

    (suspens)

    J'ÉTAIS DANS LES 150 PREMIERS DE LA LISTE D'ATTENTE !!!!!!!!!!!!!!!

    L'avenir et le choix

     

    (oui en fait j'avais eu 10 en anglais, c'était passé de justesse)

    Mais en réalité, la situation n'était pas aussi joyeuse qu'elle semblait.

    Une fois les 150 désistés (ce qui a tout de même constitué plusieurs semaines d'attente), vous êtes acceptés en liste principale et vous vous retrouvez avec un truc de cet ordre là :

    L'avenir et le choix

    (une liste d'attente pour CHAQUE IEP, OUI)

    Et donc, comme moi, lorsque vous vous retrouvez avec comme proposition d'admission votre avant-dernier choix, vous attendez des semaines en priant que 42 personnes de plus se désistent.

     Et en l'occurrence, ils ne sont pas désistés. 

    Le concours commun me notifie deux jours avant la fin que je suis affectée à mon avant-dernier choix et que (je cite)

    " ÇA NE CHANGERA PAS "

     

    Genre

    Jamais

     

    L'avenir et le choix

    concours commun: « ça ne changera pas Eldalis »
    eldalis:  « … » 

     

    Donc voilà quoi.

    Je me suis inscrite à Grenoble.

    J'avais un peu le seum je l'avoue. Mais j'étais à Sciences po quoi, même si Grenoble n'était pas du tout mon choix n°1.
    SCIENCES PO. Et puis Grenoble c'est sympa, il y a des montagnes, et aussi ... heu.. des montagnes quoi.

    Voilà.

     

    Donc je rentre à Paris, la nuit est horrible (il faisait 35°), je me lève le matin, comme ça, tranquille, j'allume un ordi, je regarde mes mails, normal, et LÀ

    JE VOIS DANS MES MAILS

    UN MAIL DU CONCOURS COMMUN

    QUI ME DIT

    "FINALEMENT VOUS AVEZ ÉTÉ ACCEPTÉ À VOTRE PREMIER CHOIX SCIENCES PO BIENVENUE INSCRIVEZ-VOUS" (on vous a bien trollé lol)

     

     

    J'aimerais vous dire que ma réaction fut un hurlement de joie mais en vrai je ne comprenais pas tellement ce qui m'arrivait donc c'était plus du choc, un énorme WTF ne me dites pas que nan si c'est vrai quoi qu'est-ce sérieux j'y crois pas c'est quoi ce bazar c'est vrai le rêve est dévenu réalité ?

    RÉVEILLEZ-MOI

     

    L'avenir et le choix

    (Plusieurs semaines après, j'ai toujours du mal à y croire)

     

    Je suis partie de terminale où je n'avais aucune idée de ce que je voulais faire plus tard. J'ai commencé dans le scientifique. Mes dossiers n'étaient pas assez bons pour la plupart des cursus sélectifs. J'ai arrêté la fac pour me réorienter. Je ne connaissais strictement rien ni personne dans dans aucun des domaines couverts par Sciences po. J'ai travaillé. J'ai passé le concours et je faisais partie des 10%. J'ai eu mon premier choix.

    Oh mon dieu.

     


     

     

    Je ne suis pas un exemple.
    Un point de moins dans une des épreuves et j'aurais raté ce concours. Cela ne s'est joué à rien du tout.
    Mais même si je l'avais raté, je n'aurais rien regretté. Même pas le job à 3000/mois.

    Si j'écris cet article, c'est pour montrer un parcours. Parce que les jeunes sont soumis à des injonctions complètement contradictoires, parce qu'il est difficile de se connaître soi-même, parce qu'il est difficile d'appréhender l'avenir, beaucoup ne savent pas ce qu'ils veulent faire. Beaucoup se réorientent, arrêtent les études, reprennent, cherchent.

    Et ce n'est pas une mauvaise chose.

    En terminale, j'aurais été totalement incapable de passer le concours commun. Si j'ai réussi à comprendre ce que je voulais dans la vie, c'est précisément parce que j'ai expérimenté la fac, parce que je me suis ouverte sur d'autres domaines, parce que j'avais une autre expérience que celle du lycée. C'est aussi cette ouverture qui m'a permise de travailler pour des concours auxquels absolument rien ne me prédestinait.

    Alors oui, j'en ai chié ces dernières années, c'était dur à tous les niveaux. Mais je ne regrette pas. Ce n'est pas un mensonge que le travail finit par payer. J'étais déjà heureuse de tout ce que mes dernières interrogations m'avaient apporté, qui m'avaient permis de m'enrichir en tant que personne, de comprendre ce que je voulais dans la vie, alors réussir les concours, c'est la cerise sur le gâteau.

    Si vous vous retrouvez en terminale à ne pas savoir que faire de votre vie, ce n'est pas grave. Si vous vous retrouvez à la fac ou n'importe où et que ça ne vous convient pas, que vous arrêtez et tentez autre chose, ce n'est pas grave. Même si tout le monde vous dit que c'est de la folie d'arrêter. Il n'y a pas de fatalité dans vos cheminements. Interrogez-vous. Gardez l'esprit ouvert.

    Je penserai à vous en septembre prochain.

     

    L'avenir et le choix


  • Commentaires

    1
    Vendredi 31 Juillet 2015 à 15:06

    Je suis actuellement au stade du commencement : je ne sais absolument pas quoi faire de ma minable petite existence. Je ne suis pas encore en terminale mais je suis supposée changer d'école en septembre, et rien que ce changement me stresse (passer d'une "école de bourgois" à une plus "normale"...). Même si cette école est plus accessible, elle reste assez connue pour son option de mathématique forte. Par la suite, mon père veut que je fasse des études d'ingénieur.. Et comme je ne sais absolument pas quoi faire, je suis en quelque sorte "forcée" à suivre son choix. Je n'ai rien n'a perde de tout façon. J'essaye d'oublier l'anxiété qui me bouffe en procrastinant avec des jeux vidéos et manga.. Et à mon stade, je n'en reviens pas d'entendre toujours des adultes cracher sur les jeunes en disant qu'ils ne s'inquiètent de rien.

    Bref. J'espère être éclaircie d'une illumination divine à propos de mon avenir et comme toi, savoir ce que je veux faire. éè

    2
    Samedi 1er Août 2015 à 14:59

    Je me suis pas mal reconnue dans ton article, en tant que fille la plus paumée de sa classe concernant son orientation. Je ne sais même si faire un ES est le bon choix aujourd'hui encore. Je pense à l'astronomie, à la biologie ou la géologie, comme au droit, à l'architecture et même un peu à la science po et la psycho. (Mais souhaitant finir couverte de tatouages, je ne suis pas sûre que ça soit le bon choix, haha)
    Mais le pire dans tout ça, c'est que je n'ai pas l'impression d'être à la hauteur de mes rêves de grandeur, surtout pour le domaine scientifique. Je sais que j'ai des facilités littéraires mais d'un côté j'ai une sensation d'insatisfaction en me dirigeant vers mon domaine de prédilection. 

    En tout cas, ça encourage pour le futur (bien que mon principal problème soit de ne pas être à la hauteur, donc surtout un problème de capacités) ! Tu as vraiment l'air d'avoir fait de ton mieux, bravo :) 
    Ton chemin sinueux dénonce également pas mal la mauvaise organisation de l'institution française. Je trouve vraiment ça inacceptable de ne pas pouvoir faire ce que l'on souhaite pour des problèmes négligeables !

    3
    Vendredi 14 Août 2015 à 17:03

    Neibi > Oui je comprends ça, j'étais pareil l'été dernier, à essayer d'oublier mon anxiété en procrastinant comme pas permis. Essaie de ne pas te laisser bouffer et continue ton chemin. Tu es en première du coup ? Ne te torture pas, contrairement à ce qu'on essaie de faire penser, tu as laaaaargement le temps de changer 36 fois d'idée, même après le bac. Si tu ne sais pas quoi faire, autant tenter l'ingénierie effectivement, et si ça ne te plaît pas tu t'en rendras compte bien assez vite (tu sais souvent ça marche comme par élimination, en comprenant ce que tu ne veux pas faire tu comprends progressivement ce que tu veux xD)
    Oui ça c'est la vision âgiste de base comme quoi les jeunes sont tous cons et irresponsables (ce qui est bien pratique pour justifier qu'on ne les paye rien et qu'on les exploite)

    Akwoo > Je ne pense pas que tu aies fait le mauvais choix, tu sais il y a une très très grande différence entre aimer les sciences en tant que centre d'intérêt/loisir/réflexion et travailler dedans. C'est en partie ce qui m'a fait fuir en courant ; je me voyais dans tout sauf les métiers associés.
    En fait on s'en fout pas mal du domaine de prédilection, l'important c'est d'aller dans le domaine où on veut travailler ^^
    T'inquiète pas, t'as vraiment le temps de choisir et de changer au pire. Et comme tu dis il y a aussi un problème de capacité, donc au fil des tentatives tu verras bien où ça te mènera :)

    Merci :)
    Le gros avantage du système français est qu'on peut facilement se réorienter (ce qui n'est pas le cas dans..heu..tous les autres pays du monde). Par contre il y a un gros problème concernant le manque de transparence des systèmes de sélection sur dossier (et en plus, ne pas prendre en compte les résultats du bac, c'est quand même très con) (surtout quand c'est uniquement pour que les fonctionnaires partent plus tôt en vacances) (j'aimerais barrer cette phrase et passer pour ironique mais il semble que ce soit vrai)

    4
    Samedi 3 Octobre 2015 à 20:08

    Je me suis aussi reconnue dans ton parcours, même si j'ai eu la chance de réaliser tout ça plus tôt. J'aimais beaucoup la littérature et je dessinais déjà beaucoup en seconde, mais je me suis orientée vers une première S parce que j'étais bonne en maths et en science et j'aimais ça, en me disant que c'était plus sûr. J'ai fait une première S où je me suis effondrée. Je continuais d'avoir la moyenne par je ne sais pas trop quel miracle, mais c'était plus possible, mentalement. Je me suis dis que j'allais finir ce que j'avais commencé, et aux vacances d'octobre en Tle, je me suis dis LOL NOPE. Plus de littérature en français, je pouvais plus sentir la physique et la SVT, j'ai convaincu mes parents et le directeur de me laisser changer de filière, et je suis passée de S en L. J'ai réalisé et décidé que je ferais des études d'art. Je suis juste très heureuse de m'être reprise en main et d'avoir fais ce choix parce que je ne me vois nulle part ailleurs là maintenant :)

     

    En tout cas, merci de nous partager ton parcours atypique, parce que bcp de jeunes ne savent pas ce qu'ils vont faire de leur vie à 17 ans et personne n'est là pour leur dire que c'est normal, et que s'ils se trompent c'est pas grave ils ont le temps de changer d'avis. 

    5
    Lundi 12 Octobre 2015 à 22:38

    ... Je suis tellement contente d'avoir trouvé quelqu'un qui a un parcours si proche du mien ! Aussi en S, puis une année de fac de l'enfer... Mais j'ai été tenue en haleine tout le long de ton article. Car j'ai été prise à Grenoble moi. et j'y suis. J'ai raté le concours commun à un cheveu. Cette satanée épreuve d'anglais. Les synonymes. J'avais toujours 3 ou 4/4. Sauf ce jour là. Mon admission s'est jouée à des synonymes. Mais je ne le regrette pas, car Grenoble est un très bon IEP (on dit même que c'est le 2ème meilleur, mais je sais ce qu'on dit : c'est toujours notre IEP le meilleur...) Mais alors, j'ai du manquer un épisode : dans quel IEP est-tu finalement ???

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    Samedi 17 Octobre 2015 à 21:45

    Anonim › On est beaucoup à s'être orientés dans le scientifique par sécurité/vague attrait pour les sciences, et malheureusement beaucoup réalisent trop tard qu'ils auraient préféré autre chose :/ donc dans ce sens-là c'est bien que tu l'aies réalisé déjà en terminale (et moi en bac+1, quand j'avais encore la possibilité de changer facilement). Ceci dit je ne regrette pas d'avoir réalisé ça tardivement, déjà je ne pense pas que j'aurais été assez mature pour avoir Sciences po en terminale, et après coup je trouve ça bien d'avoir eu une année un peu en hiatus pour prendre le temps de réfléchir sérieusement. Je confirme que ce n'est pas grave du tout de se tromper, personnellement j'ai énormément appris sur le plan personnel pendant cette année bien que chaotique scolairement !

    Ethéna ›

    C'est un truc de dingue, j'ai été inscrite à Grenoble avant d'apprendre que j'avais obtenu mon premier choix du concours commun ! On a failli être dans la même promo ! xD 
    Je suis aussi surprise qu'on ait un parcours similaire :o et je comprends pour l'épreuve d'anglais, j'ai failli la foirer aussi, ou plutôt j'étais persuadée de l'avoir foirée (franchement je me demande même comment on a pu me mettre 10 vu la merde que j'ai fait, ce doit être l'harmonisation des copies xD). L'admission se joue à très très peu de choses :S
    "c'est toujours notre IEP le meilleur" haha xD Je ne pense pas qu'on puisse vraiment comparer les IEPs entre eux, ils sont assez différents (par exemple, il paraît que je suis dans l'IEP avec le plus d'heures de cours. Lol. Je sais pas si ça change franchement le niveau)
    Je suis à Saint Germain, c'est normal que tu ne l'aies pas vu, je ne l'avais pas indiqué volontairement :)

      • Lundi 19 Octobre 2015 à 19:14

        Dac, je m'en doutais :P je planque aussi ces infos dans les commentaires :P IEP tout neuf alors ! moi j'ai dans les 25h par semaine. t'as combien ?

      • Samedi 24 Octobre 2015 à 17:51

        Je crois que c'est 32h sans les options. J'aime bien le côté neuf de cet IEP justement, même si c'est souvent le bazar à cause de ça x)

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    Samedi 20 Février 2016 à 12:49

    Du coup je comprends mieux pourquoi tu disais t'y connaître en réorientation  :/ Tu en as vraiment vu des vertes et des pas mûres ^^ En tout cas, félicitation pour ton concours (avec six mois de retard, mais peu importe !) J'espère que Science Po te plaît.

    En fait la seule différence, c'est que je suis allée dans un domaine que je pensais sincèrement aimer (même si ce n'était pas mon premier choix sur apb, et qu'à la base je voulais aller en prépa, c'était bien le bon domaine.) Et le pire dans tout ça ? C'est que j'ai l'étrange certitude que si j'avais été prise en prépa dans le même domaine, j'aurais aimé. C'est déprimant.

     

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