• Silence

     

    «   My soul has grown deep like the rivers.   »

                                                        Langston Hughes

     


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  • Joyeux Noël à vous !

    Ripaillez gaiement toute la soirée et le lendemain *-*

     

    Pour l'occasion, voici un vieux texte écrit pour le mini-concours Tous écrivain du magazine Je Bouquine de décembre 2010 (il y a pile poil trois ans !).
    Le principe est d'écrire un court texte à partir de la photo et du titre (en l'occurrence, Premiers flocons), tout en intégrant une des trois phrases proposées (ici, c'est Je fermai les yeux..) .
    Les trois ou quatre meilleurs textes envoyés sont sélectionnés et apparaissent sur leur site internet. (je ne sais pas si ça existe toujours x)
    Ce fut mon premier texte sélectionné par un jury :'D


    Au passage, j'avais écrit une version longue de ce texte, dites si ça vous intéresse :)

     

     

    Edit du 30/12 ~ Voici la version longue.   La Nieve 


    Spoiler:
    Je fermai les yeux en ouvrant les mains, paumes face au ciel … Lorsque les premiers flocons se posèrent, la première image qui me vint à l’esprit fut moi-même, petite fille, observant les flocons fondrent sur mes moufles dans les paysages immenses d’Île-Grande de la Terre de Feu. J’avais toujours aimé la neige ; cela était bien sûr lié à mon prénom, mais pas seulement. Au-delà, il y avait un étrange lien entre elle et moi, et j’avais l’impression que c’était une véritable personne. Une personne qui me comprenait. Cela faisait des années que je n’avais pas vu la neige.
     
    Oui. J’étais née sous la neige, ma mère était morte sous la neige. Pour fuir ce souvenir, mon père nous avait emmené – ma sœur et moi – dans un autre pays, que dis-je, un autre continent ; pour oublier les dernières plaintes de ma mère, il avait choisit un pays dont la langue nous était étrangère ; pour ne plus voir la neige, la montagne et la mer qui entourent Ushuaia, il avait choisit une ville loin des mers, des montagnes, où paraît-il il ne neige que très rarement. Cette ville fut Paris.
    Paris. C’est vrai qu’il ne neige jamais ici. Du moins, jusqu’à aujourd’hui.
     
     
     
    Je m’étais énervée contre mon père … Tout à l’heure, il avait appris par la météo qu’il allait neiger sur la ville. Après nous avoir interdit – à ma sœur et moi – de parler notre langue maternelle, de fêter Noël – ma mère était morte un vingt-quatre décembre au soir – il voulait m’interdire de sortir. Évidemment, ma sœur était absente à ce moment-là ; partie se balader avec des amis. Et bien sûr elle était exemptée de cette interdiction injuste et insensée qui tombait sur moi seule, soi-disant parce qu’elle est l’aînée, que contrairement à moi elle déteste la neige, qu’en tant que personne sensée elle reviendrait au moment où les premiers flocons tomberaient, et que de toute manière elle ne ressemble pas autant que moi à Maman et elle ne porte pas un prénom qui la destine à périr sous las Nevadas.
     
     
    C’en était trop pour moi. Je pouvais accepter beaucoup de choses, mais là c’était la goutte d’eau. Je comprenais que mon père soit encore hanté par le souvenir de la mort de ma mère, mais il n’avait pas le droit de me priver de toutes mes libertés. Je m’étais alors énervée, j’avais craché tous les reproches qui me venaient à l’esprit. Je lui avais dit ce que je pensais de son attitude, de ses interdictions stupides, de cette manie d’avoir peur de tout, de rester encore et toujours inconsolable. Puis j’avais claqué la porte, dévalé les escaliers, couru dans les rues de Paris en attendant de voir la neige tomber. Mais elle attendait pour se montrer. Ce fut finalement lorsque mes pas me ramenèrent vers l’entrée de l’immeuble, au moment où je m’appuyai contre le mur, à la clarté des réverbères, qu’elle daigna se montrer.
    Rapidement la neige recouvrit les trottoirs, les routes, les toits, les rues. Elle rendit la ville d’ordinaire grise et bruyante silencieuse et immaculée. Elle apaisait le monde, si terne, si triste, si cruel.
    Cependant j’en voulais encore à mon père et sa hantise, ma sœur et son absence, ma mère et sa mort tragique. Je leur en voulais de ne pas se rendre compte que moi aussi je souffrais, en silence …
     
     
    J’ouvris les yeux. La neige ne s’arrêterait pas de tomber ; je le sentais.
    En observant les décorations de Noël, je me rappelai soudainement que nous étions le soir du vingt-quatre décembre. Noël. Navidad.
     
    - Nieve ?
     
    Je reconnus immédiatement la voix de ma sœur Esperanza, qui approchait.
     
    Je reconnaîtrais entre mille sa voix, son accent quand elle prononce mon prénom, son désir de sans arrêt désobéir aux interdictions. Son désir de tourner la page. D’être enfin libre.
     
    - ¿Qué haces ?
     
    J’aurais voulu lui répondre « Nada, mi querida hermana. Yo sé, odias la nieve pero sabes que a mi me gusta … »
     
    Mais soudain, je la vis. Cette lueur dans les yeux qui fuyait, se dérobait, cette lueur que je devais avoir moi aussi. Éternelle. Inconsolable.
     
    Ce n’est pas toujours facile d’être libre, de tourner la page. On a beau faire des efforts, parfois les souvenirs nous rattrapent. C’est comme ça. Ce n’est la faute de personne, ou peut-être de ceux qui tentent désespérément d’oublier. Mais personne ne peut tout oublier. On ne fait que fuir, temporairement.
     
    - Rien. Rentrons.

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  • Inconnu

     Anna Karénine (2012), Joe Wright

    À chaque fois que je croise cet inconnu, je ne peux m’empêcher de penser à ce que j’ai renié. Je suis reconnaissante par bien des aspects d’avoir pris conscience de cette vérité aussi tôt, mais cela ne retient pas l’amertume des réalités difficilement supportables.

    La beauté est éphémère à nos yeux. Elle apparaît et disparaît suite à d’infimes variations de l’espace, et il n’y a rien de plus fugitif que cette perception, ce qui fait finalement de la beauté un insaisissable mouvement, une perturbation quadridimensionnelle.

    Et puis il y a la grâce, tout aussi fugitive, mais dont la fréquence peut se révéler étonnement élevée chez certains individus.

    Est-ce que je créé aussi de la beauté ? De la grâce ?

    Cet inconnu m’attire pour sa remarquable constance dans sa fréquence de variations spatio-temporelles. Est-ce inné ou acquis ? Et surtout, je ne peux m’empêcher de me demander ce qu’il y a au-delà de la simple perception.

    Dans l’expectative exhumée, sûrement, de quelque chose qui contredirait un instant la terrible vérité.

     


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  • Voici la nouvelle dont il est question dans le précédent article.
    Je l'ai écrite pour le concours du webzine Pensées d'un jour ; c'est pourquoi beaucoup d'éléments font référence à ce blog.
    Je l'ai écrite très rapidement, et je demeure encore et toujours insatisfaite de la première moitié. J'espère néanmoins que vous l'apprécierez. 
    C'est une quête symbolique, remplie d'éléments polysémiques, dans lesquels, je l'espère, chacun pourra reconnaître et retrouver sa propre réalité.

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